En tant que bouzillé de rap, j’ai souvent croisé de loin comme de près des amis maniant l’art de la rime. En novembre 2015 , j’apprenais que deux potes du lycée sortaient un E.P gratuit, Aurore Story, sous le blaze Eska & Kritter. Après avoir apprécier l’écoute du projet, j’eu l’idée de les contacter pour une petite interview.

C’est lors d’une soirée de décembre, dans un bar chaleureux, du centre de Meaux qu’a eu lieu la rencontre. Dans une ambiance conviviale, pendant que des clients jouaient avec passion à un jeu de société, nous avons discuté, entre des gorgées de bière, de leur passion du rap, de leur ingénieur du son Oner, de leurs connexions, de Vald et même de Christian Estrosi !

MehdiWanKenobi: Premièrement j’aurai voulu savoir quelle a été la configuration pour cet EP ? Est ce que vous parlez d’un duo, d’un groupe ou d’une simple collaboration entre deux rappeurs ?

Eska: Ouais, moi j’aurai dit une collab’.

Kritter: C’est marrant, c’est la première question qu’on nous a posé à la radio, la semaine dernière (interview donnée à la Neo Musiks). Là, on est un peu plus préparés du coup. Quand ils nous l’ont posé à la radio, on s’est dit «merde, même nous on y avait jamais pensé». A la base, on habite à côté, on a le même délire pour le rap, tu vois, donc on s’est dit de taffer ensemble. Mais à vrai dire, on n’a pas vraiment réfléchie pour la suite, là pour l’instant, on kiffe tous les deux, on taffe ensemble, ça se passe très bien, on va peut être continuer. Après, on n’est pas forcément attachés à la notion de groupe, pour l’instant. Pourquoi pas plus tard, ouais ?

Eska: Du moment qu’on fait un deuxième volume, là on pourra dire que c’est un groupe. Là c’est le permier, on se dit que ça reste une collab’.

Kritter: Plutôt du moment où l’on bossera sur un vrai truc, un album, là on pourra parler d’un groupe. Mais des EP, on peut en balancer, ça reste une collab’.

Eska: Au départ, je voulais refaire un EP car j’avais déjà fait une maquette l’année dernière [Meaux de Tête]. J’voulais un truc plus concret, avant ça restait une maquette tant sur la qualité que sur les liens entre les sons. Et Geoffrey/Kritter voulait aussi faire un projet et j’me suis dit que y’avait moyen que ça avance plus rapidement pour lui, en s’associant. Comme j’avais rencontré pas mal de gens suite à ma maquette, et lui aussi, on s’est dit qu’on pourrait faire une connexion quoi.

Kritter: Après, on est quand même ouvert pour continuer à faire des trucs ensemble.

M: J’aimerai aussi revenir sur vos débuts. Depuis quand vous écrivez ? Depuis quand vous rappez, s’il y a une différence ?

E: Moi, j’crois que ça fait depuis la Terminale. Donc maintenant ça fait cinq ans. On avait enregistré deux, trois sons avant, dans le studio de Gabriel, vite fait, à l’arrache, pas mixés, rien. Et puis, pendant trois ans, j’écrivais quelques trucs, avec des potes, ça rappait un peu. Et depuis, un peu plus d’un an, je me dit qu’il fallait que je fasse un truc concret. Il y avait un studio qui venait d’ouvrir à Meaux, je me suis dit, que c’était l’occasion de faire un truc. J’ai enregistré quelques sons, j’ai foutu des morceaux qui dataient de 2013 sur le projet. Et puis, je me suis mis à rencontrer pas mal de gens, c’est devenu plus concret y’a un an. Grâce à Geoffrey aussi…

K: Ouais, on partage nos réseaux.

E: Du coup, j’me suis mis en même temps à écrire et à rapper. Du moment que tu écris, tu es obligé de regarder ce que va donner ton texte, même si c’est par petits bouts.

K: Moi, j’ai toujours écouté du rap. Pourtant, ça m’avait jamais particulièrement parlé de me mettre à rapper. Après, au lycée, j’me suis intéressé au graffiti. Je me suis rendu compte que j’étais très mauvais niveau lettrage donc j’me suis dit qu’il fallait que je trouve un autre délire. Donc, j’me suis mis à faire des pochoirs pour des groupes de rap, des logos, des trucs comme ça. Je suis rentré en contact avec des groupes comme Phases Cachées pour qui j’ai posé des stickers. Du coup, j’me suis retrouvé dans le milieu Hip Hop, ce qui m’a amené à gratter des textes. Par la suite, j’ai complètement lâché le graffiti. J’me suis dit que ça me correspondait moins…

M: C’est marrant, tu as un vrai parcours à l’ancienne comme Suprême NTM. J’voulais aussi revenir sur vos blazes. Il se trouve qu’en recherchant vos noms, j’suis tombé sur d’autres noms d’artistes. Pour Eska/ Valentin, j’suis tombé sur une artiste britannique, un chanteur à la voix dérivée de Garou, et un rappeur qui ne publie rien depuis 2 ans. Ça te dit quelque chose ?

E: T’es sérieux ? Tout ça ? J’avoue pour la chanteuse britannique, j’ai pris son blaze pour la rencontrer, j’suis fan [sourire]. Non, à la base, j’ai pris ce blaze car j’avais un pote qui avait l’habitude de m’appeler KSK, il doit y avoir quatre ans. J’avais les cheveux longs et ça faisait un casque. Et donc, j’ai trouvé ça golri, j’avais pas trop de blaze avant. En plus, le pote qui m’avait appelé comme ça, c’était un mec qui m’avait un peu lancé dans le rap et tout. Finalement, j’ai gardé le blaze et j’ai raccourci pour Eska.
Pour l’autre rappeur, je sais que c’est un mec de Saint-Etienne. J’ai vu qu’il sortait rien depuis longtemps, donc… Après, j’m’en fous, moi ce blaze je l’ai depuis deux-trois ans avant que je connaisse l’existence du mec. Peut-être que la SACEM ne va pas me rejeter avec ça, on verra [rire].

M: OK et pour Kritter/Geoffrey, j’ai trouvé un groupe de métal espagnol, un DJ et tu dois savoir aussi, le nom d’un champagne…

K: Ouais y’a aussi un crocodile dans un jeux vidéo, ça vient de là mon blaze. Comme j’suis encore plus geek que MC, j’me suis dit qu’il me fallait un blaze sur les jeux vidéos, j’ai pris celui-ci. Et il me suit depuis que j’ai commencé le graff’, je marquais Kritter donc j’ai continué avec. Mais pour le champagne, c’est avec un seul T, on me le dit souvent.

M: Pour revenir à toi Kritter, je me rappelle quand j’étais au lycée, tu faisais parti d’un collectif, La Pléiade, en 2012. Vous aviez fait des freestyles, des interviews dans des radios locales. Qu’en est-il ?

K: Des freestyles, on a du en faire six ou sept. C’est juste qu’après le lycée, chacun est parti de son côté et c’était plus dur de se capter. Mais il me semble que toutes les personnes de la Pléiade ont continué. Maintenant ça nous arrive de se capter régulièrement, y’a quelques collaborations qui se font. Par exemple, L-Kim qui est en featuring, est notre graphiste qui a fait la pochette de l’EP. On est tous en contact et c’est super cool que tout le monde continue.

E: Le problème d’un groupe comme ça, c’est compliqué au niveau de l’organisation.

K: Après c’était une super expérience, ça nous a grave aidé, on était tous de niveaux différents, avec des influences diverses. Ça nous a permis de nous ouvrir aussi sur des prods différentes. Ça nous a ouvert l’esprit niveau rap, je pense.

M: J’vais rebondir sur les influences. Sur l’EP, c’est assez varié, vous avez des productions différentes. Qu’est ce qui vous a influencé ?

E: Moi j’avoue niveau influence, c’est plus compliqué à dire. Je sais pas si ce que j’écoute m’a influencé directement. Quand je m’écoute, je ne trouve pas forcément que je ressemble à un autre rappeur. Peut-être que je n’ai pas le recul nécessaire. Franchement, j’écoute à 99% du rap, malheureusement ou heureusement, je sais pas. Après en soirée, je peux écouter tous types de musique, ça me dérange pas… [Interruption suite à un bruit de mixer dans le bar]. Avec les potes, j’peux écouter autre chose mais perso je me retrouve plus dans le rap. Par exemple, en rap cainri, j’écoute beaucoup de mecs de la nouvelle génération: A$AP Rocky, SchoolBoy Q, Kendrick Lamar, Ab-Soul aussi. Après pour des mecs à l’ancienne, Rakim, Wu-Tang Clan, je vais plus piocher dans leurs faces B, leurs productions mais plus vraiment ce qu’il font. Quand j’étais petit, j’écoutais sur cassette. Aujourd’hui concrètement, quand j’écoute 2Pac ou Notorious B.I.G, j’vais écouter un son ou deux, j’vais kiffer mais après ça va vite plus me soûler que des trucs contemporains.  En rap français, j’écoute tout ce qui se fait. J’ai écouté la dernière mixtape de Swift Guad, Vice & Vertu; Vald, NQNT2 je l’ai écouté y’a pas très longtemps, Nekfeu, j’attends le prochain projet d’Alpha Wann, Alpha Lauren. Tous les mecs de la nouvelle génération comme de l’ancienne: IAM, Lunatic, Scred Connexion, Oxmo, tout ça.

K: Bon j’vais me limiter au rap US et français car j’écoute aussi sur de tous les continents, des trucs sud-africain, hollandais. Sinon en US, j’vais te citer deux labels comme Strange Music de Techn N9ne et Krizz Kaliko dont j’suis totalement fan. Et sinon, TDE avec des Kendricks Lamar, SchoolBoy Q, et plus récemment Isaiah Rashad. C’est mes deux labels coeurs en rap américain. Sinon en France, j’vais aussi cité deux labels avec la 75 Session, je kiffe, ils essayent plein de trucs. Leurs deux derniers projets sont super originaux. Ils ont fait un projet sans aucun sample (Delta) et celui de H-24, vue qu’il s’appelle comme ça, son projet a été fait en 24 heures. J’adore ce qu’ils font, ils se donnent et vont au bout de leur concept. Et je dirais Don Dada [label d’Hologram Lo’ et Alpha Wann]. Et mention spéciale pour Vald qui est mon MC préféré. J’adore les concepts, les délires qu’il met dans sa musique, ses sons cachés, ses interludes chelous. Voilà, pour moi, c’est vraiment plus un artiste qu’un rappeur. Textuellement, c’est excellent.

E: Au delà de ça, c’est le seul mec en mode acteur dans le milieu du rap français, avec son pote A.D, dans leurs clips, ils sont dans un délire gros, c’est des personnalités, ils sont loin gros !

K: Le clip/ freestyle sur Booska-P, c’est futuriste, c’est vraiment plus rap US que français mec.

E: Le mec a repris l’interview de Yann Moix genre On n’est pas couché, gros, j’étais mort de rire.

M: Il a compris comment utiliser les médias…

K: Ouais et les réseaux sociaux … Et les sites de boule aussi (rire) !

M: Pour revenir à l’EP, j’étais agréablement surpris de la variété des productions. Par exemple, vous avez une production d’Oner, il a travaillé avec 1995 (Bla Bla Bla)…

K: C’est notre ingé-son en fait. Les gens font plus la relation avec Areno Jaz [Oner fait parti du groupe XLR].

M: D’accord. Comment s’est faite la connexion ?

E: Par moi. En fait, quand j’avais fait ma première maquette, je cherchais encore des prods. Du coup, je l’ai contacté via la Rue du Bon Son (un groupe facebook). Oner m’a répondu, il m’a ajouté direct, je lui ai chopé une prod, j’ai enregistré un son chez lui pour ma maquette, tu vois. Il y avait un bon feeling, on rigolait bien, on s’est dit qu’il fallait continuer. On a enregistré tout l’EP chez lui, il a mixé tout le projet, et c’est un de ces potes à lui, Mefisto qui a fait le mastering.

K: Ouais même maintenant, c’est un échange de bons procédés. On lui a présenté L-Kim qui lui a fait sa pochette aussi.

E: Carrément, j’suis sûr que y’a d’autres choses aussi. Par exemple, il nous a présenté à Manny, qui signe la prod de Vrai, un MC qui fait aussi du beatmaking. On l’avait croisé en Belgique, dans une radio. En fait, c’est grâce à lui qu’on est parti là-bas car il avait partagé mon projet, la radio avait bien kiffé et puis on est parti. Oner il est capable de nous décrocher une radio, un truc, c’est avec plaisir. En plus chez lui, dans son studio, on trouve quelque chose qu’on aurait pas ailleurs. Il nous donne des conseils. Dans un plus grand studio, l’ingé-son, il s’en bat les couilles, il va te dire de te dépêcher.

K: Maintenant ça me paraît chaud, d’enregistrer ailleurs. C’est la maison !

E: En plus lui, il a plus d’expérience que nous, il a 28 piges, ça fait 15 piges qu’il rappe. Concrètement, t’es obligé de te mettre la barre un peu plus haute, tu sais que y’a un vrai mec qui t’écoute. Quand il te félicite sur un couplet, t’es vraiment content. C’est une bonne écurie !

M: J’voudrais revenir aussi sur des petites phases que j’ai aimé, Eska sur un morceau tu dit: «J’mise sur l’immobilier comme Donald Trump», ça m’a bien fait rire. Tu peux expliquer ?

E: Ouais, j’taffe dans l’immobilier, au final plus dans la branche sociale. A la base, j’avais fait une filière immobilière, là j’suis en master. J’parle de ça car c’est mon taff’. Donald Trump, j’l’aime pas, c’est un enculé mais voilà si je finis milliardaire comme lui sans être un enculé, c’est bon. Après c’était plus la référence à l’immobilier, pas dans son sens, j’l’aime pas ce mec, c’est tout [rire].

M: Pour toi, Kritter, j’ai noté: «J’ai juste besoin d’un divan bien cosy, les haters deviennent verts comme Christian Estrosi». L’occasion de mettre la référence à Infinit’ ?

K: Exactement, t’as tout dit. Moi aussi, j’ai une vrai haine pour Christian Estrosi. Tout a été dit sur le remix d’Infinit’.

M: J’ai aussi remarqué vos types de refrain. Je trouve que vous avez des refrains assez différents de la tendance actuelle qui se concentre sur un gimmick, un mot clé. Vous enchaînez les phrases dans vos refrains qui rappellent ceux du rap des années 2000. Comment bossez-vous vos refrains ?

K: Ca dépend, on va travailler autour d’un thème. En même temps, on se force à procéder de manière différente. On a essayé de faire ça sur le projet. On s’adapte à la prod, je sais pas, ça peut partir d’un passe-passe ou d’un refrain. On se force à taffer des trucs différents pour chaque morceau. Des fois, j’peux lui apporter une phrase ou un mot comme dans Vrai. J’avais une phase, fallait que ça soit dans le refrain. On procède vraiment de manière différente.

E: Ouais après pour le morceau Fumée Noire et Cohibas, j’avais bosser la prod à Meaux, avec le mec Ena-N. Après ma mesure, j’avais gratté un bon refrain seul-two et j’ai montré ça, tu avais bien aimé. J’ai plus de facilité à gratter les refrains que les couplets, tu vois.

K: Si je bosse sur un refrain, j’vais plus essayer de faire un refrain changeant, des trucs comme ça, des mêmes placements, des mêmes rimes et des mots changés.

E: Ouais en tout cas, il m’apporte un truc rien qu’avec un mot, une phrase que j’aurais pas trouvé. On se complète bien là dessus. Ouais par exemple sur Dard De ville, c’est Geoffrey/Kritter qui avait trouvé cette phase «la vue s’estompe, la rue se trompe».

M: Pour revenir à Dard de Ville, et c’est ce qui m’a frappé dans tout l’EP, c’est cet univers nocturne. En quoi la nuit vous influence dans votre musique ?

K: En fait, on a voulu bosser sur un projet qui va du plus sombre au plus lumineux. Le changement se fait avec la musique produite par Jean Jass, Homme Riche qui est une prod changeante. Ce basculement, il marque le morceau mais aussi tout l’EP, avec d’un côté des morceaux plus sombres et d’autres plus lumineux et joyeux, d’où le titre Aurore Story. Après pour la nuit, je crois que ça vient de nul part. Enfin, on a essayé de donner un thème général au projet et ça s’est fait naturellement.

E: Ouais, après c’est lui qui a trouvé tous les titres des morceaux, à part Vrai. Mme le titre de l’EP, Aurore Story. Le morceau Dard de Ville, la prod de KLM s’appelait Misterio, avait un côté super-héros. Donc on s’est dit qu’il fallait qu’on continue sur ce côté là.

M: Justement sur l’univers de la nuit, vous avez repris le morceau de SchoolBoy Q, Hell Of A Night. J’avais déjà entendu une reprise (ratée selon moi) par Georgio sur sa mixtape, Nouveau Souffle. C’est quoi le délire des rappeurs avec cette production de DJ Dahi ?

E: J’crois que le délire c’est que j’écoutais le rappeur dans le train. Je l’ai déjà dit mais j’écoute, on écoute beaucoup ce mec. J’ai eu l’idée de reprendre cette prod même si c’est un classique, on s’en fout. Pareil, ça s’est fait naturellement, la prod elle est lourde, c’est la seule face B. Après, y’avait le côté challenge car y’a pas mal de rappeurs qui ont posé dessus donc si tu te chies dessus… Après tu peux pas le clipper car tu peux pas faire aussi bien que SchoolBoy Q [rire]. Ouais, c’était vraiment pour le délire, le côté défi qu’on a fait ça.

K: Même on s’est même dit que chacun écrive l’intro pour le couplet de l’autre, s’échanger les phases.

E: Ouais par contre fallait apporter une structure. Voilà début 12 mesures, puis 24 mesures, etc. C’était un bon délire. On cherchait à taffer ensemble pour le début du projet donc ça nous a permis d’explorer le truc. La plupart des trucs que tu as en face B, j’sais pas, ça va faire 16 mesures, 1 mesures de refrain, là on avait une bonne structure.

M: OK. Alors vous avez déjà parlé de la pochette faîte par L-Kim qui est plutôt réussi. Vous collaborez depuis longtemps avec lui ?

E: Dans la Pléiade.

K: En fait, moi je le connais depuis longtemps… Quand je passais mon BAFA, j’ai croisé un mec qui m’a dit qu’il avait un pote qui rappe aussi et que je pourrais me mettre en contact avec lui. On a fait un open mic ensemble et après il est rentré dans la Pléiade. Quand le collectif s’est séparé, il a rejoint le Marabou Crew qui est devenu le Marabou, là ils font les premières parties de Kacem Wapalek. Ils ont une puissance sur scène, le live. Pour avoir un avis sur eux, j’pense qu’il faut que tu les vois sur scène. Ils ont un jeu de scène avec des masques, des trucs comme ça.

E: Moi c’est grâce à lui que je l’ai connu, on s’est captés. Il m’avait déjà fait la pochette de ma maquette et il a refait aussi celle-ci, voilà.

M: Alors comme vous venez de Meaux, je sais pas si vous avez suivi ce qui se passe avec…

K: Djadja et Dinaz !

M: Ouais, il fallait un peu en revenir.

E: Tu sais quoi, en arrivant, je les ai entendu à la radio, sur Génération.

K: Et ben gros, j’ai écouté hier soir leur dernier son qui sera sur la compil’ de Coolax, un beatmaker je crois. Et, j’étais agréablement surpris… En fait, c’est du PNL en énervé ! Si tu veux, si PNL dans leurs fins de phrases, ils sont être plus posés, c’est des vocalises descendantes. Tandis qu’eux, c’est saturé limite, et ils apportent un autre truc. Quand j’ai écouté leur premier son, j’me suis dis c’est vite fait, j’ai pas trop kiffé et y’a qu’hier soir, que j’ai trouvé qu’ils avaient un petit truc. J’comprends l’engouement qu’il y a autour d’eux. Après c’est plus autour des mecs de quartier mais j’pense que y’a pire.

E: Moi franchement, je l’ai connu avec leur son là, tu sais ils ont fait de la prison avec leir clip [suite à l’exposition d’arme à feu dans un de leur clips à Beauval]. Déjà à cette époque, j’crois, ils avaient des 40-50 000 vues. Au moment où j’enregistrais ma maquette dans le studio Urban music, le responsable mettait leur clip en espérant que leur sanction soit pas trop lourde. Au final, j’crois qu’ils ont prit trois mois ferme. Du coup, j’avais écouté deux-trois sons. Concrètement c’est pas le rap que j’écoute mais après les sons, j’peux les écouter dans ma caisse, ça me déplaît pas. J’comprends qu’il peut y avoir un engouement après c’est pas mon délire de rap. Quand je vois qu’ils ont 700 000- 1 millions de vues, j’me dis que c’est un bon buzz, tant mieux pour eux.

K: Y’aurait pu avoir un buzz sur un mec qui soit vraiment mauvais. Tandis qu’eux, y’a un petit délire. Ils se complètent bien tous les deux. Après si l’engouement continue, ça peut les faire progresser, faut voir ce qu’ils vont en faire.

M: Pour revenir à votre EP, qu’est ce que vous attendez sur la réception des gens ? Est ce que vous avez déjà eu des bons retours ?

K: Ouais pour l’instant, on a exclusivement que des bons retours. Mais après, c’est des retours de gens proches de nous deux. Ce qu’on attend surtout, c’est quand y’aura les premières personnes qui nous connaissent vraiment pas, nous diront «j’suis tombé sur votre musique, j’ai kiffé». Le problème avec tes potes, même s’ils ont un avis objectif, forcément c’est tes potes et donc ça n’a pas la même valeur, même si ça fait plus plaisir.

E: Carrément, après pour l’instant, on doit avoir 400 écoutes sur le site [au moment de l’interview]. Perso je l’ai pas fait beaucoup tourné, j’ai des potes qui l’ont pas encore écouté. En fait, on a eu que des bons retours, de proches comme il le dit mais après j’ai eu quelques personnes qui m’ont ajouté suite à l’EP, tu vois des beatmakers, des gars comme ça. Par exemple, y’a un mec qui nous avait fait un bon retour, un mec qu’on avait au studio d’Oner, je me rappelai même plus c’était qui. En gros, il nous a dit qu’il trouvait que y’avait un bon délire, c’était bien dans l’ensemble et c’était un avis extérieur. Après, il y en a d’autres mais j’t’avoue que ça m’a pas très bien marqué. Comme dit Geoffrey/Kritter, si c’est tes potes qui te félicitent, tu te dis que t’aurais pu faire de la merde, ça aurait été la même. Moi perso, je réécoute l’EP avec plaisir, j’aime bien. Alors que ma première maquette, sans plus. Alors que là, j’aime bien. Si on arrive à avoir une marge de progression aussi importante après mon premier EP que sur le deuxième, j’me dis que ça serait un truc de ouf ! Tu vois la semaine dernière, quand on était à la radio, y’avait un grand renoi, il est arrivé en dernier au studio…

K: Ouais, il était un peu en retrait, il a été un peu forcé d’écouter notre freestyle et à la fin de la radio, c’est le seul à nous avoir dit: «Franchement les gars vraiment bien votre truc, j’aime bien comment vous rappez». Ça faisait plaisir parce qu’au final, c’était le seul qui écoutait vraiment, les autres étaient en train de parler, rigoler.

E: Ouais tu vois, un peu un mec de tess’, c’était cool. Après concrètement, on sait qu’il doit y avoir des trucs à améliorer. Même, Oner nous a fait un bon retour. On espère pas forcément d’avoir des milliers de vues mais c’est cool.

M: Est-ce que vous avez déjà des plans futurs, pour cet EP et après ?

E: J’t’avoue que perso, je pense pas qu’on va clipper de nouveau, c’est pas le but. J’aimerai bien faire vivre l’EP, faire des scènes, on a déjà fait une radio, on a des petits trucs de prévu…

K: Comme des interviews d’ailleurs, c’est un plaisir. Là on est plus dans le côté partage,  l’œuvre pour nous, elle est finie.

E: C’est ça, on a déjà fini le bail. Après, on attend une prod d’un mec. J’aimerai bien faire un feat avec un mec qui est chaud. Pour l’instant, on va plus essayer de faire vivre le truc que de faire plein de sons, s’éparpiller, tu vois. On peut pas te dire qu’on va refaire un projet bientôt, on sais pas trop. Tu vois, certains disent qu’il faut sortir des projets tous les 6 mois, c’est des conneries. Faut sortir un truc quand il est muri. On a pas encore réfléchi. après j’aimerai continuer ensemble, même si quand j’suis solo, ça permet de savoir où j’en suis.

M: Impec, l’interview arrive à sa fin, si vous avez des trucs à ajouter ?

E: Et toi Geoffrey/ Kritter, on a pas eu ton avis final, sur la suite ?

K: Ben je sais pas trop, j’avais pas mal de projets avec des gars quand j’ai débuté le rap. J’pense que j’vais essayer de concrétiser tout ça surtout avec un beatmaker et un MC du coin. Après, j’ai pas eu encore l’envie de faire des trucs tout seul. Pour moi le rap, c’est du partage.

Aurore Story est en écoute et en téléchargement gratuit sur Haute Culture.

Une réflexion sur “Eska & Kritter: « Le rap c’est du partage »

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