Le biopic événement sur N.W.A

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Voilà, enfin un premier article. Pour fêter les débuts de mon blog, j’ai décidé de parler de rap (évidemment) mais dans un contexte différent: le cinéma. Ben oui, je peux être un bouzillé de peura et aussi bien de cinéma.

C’est le film événement de la rentrée, voir de l’année, que dis-je de la décennie, enflammons-nous, du siècle: N.W.A- Straight Outta Compton. En effet, d’après le trailer au début de l’année, un véritable événement s’annonçait tout en ayant quelques réserves !
Avant de nous lancer dans la critique constructive (toujours) du film, rappelons ce que représente N.W.A (Niggas Wit Attitude), le « groupe le plus dangereux du monde ».

En 1987, le groupe issu de Compton, banlieue chaude de Los Angeles sort un premier album coup de poing Straight Outta Compton qui bouleverse la scène rap encore émergente ainsi que l’industrie musicale. N.W.A se compose du leader charismatique et rappeur Eazy-E, fondateur du label Ruthless Records dans lequel donne naissance à des projets du groupe; d’Ice Cube, de MC Ren et les producteurs Dr. Dre (également rappeur) et DJ Yella. En plaçant le rap californien sur la carte des Etats-Unis, ils débarquent avec un signe distinctif: la tenue entièrement noire (blousons Starters et casquettes Raiders) accompagné d’une démarche provocatrice, d’un langage cru et des paroles aussi dures que la violence des ghettos. L’Amérique découvre alors cinq jeunes noirs qui se placent contre l’autorité, le pouvoir abusif de la police et le racisme. Le morceau qui illustre parfaitement toute cette rage, s’appelle: Fuck The Police:
https://www.youtube.com/watch?v=9jOqOlETcRU

Leur musique est qualifiée de gangsta rap mais ils préfèrent parler de reality rap. Grâce aux productions de Dr. Dre et de DJ Yella, la musique de N.W.A se montre oppressante (le bruit continuel des sirènes) et brutale mais garde un côté festif agrémenté par les samples de P-funk et la soul.
https://www.youtube.com/watch?v=SCykJvngSmw

Le biopic du groupe est centré sur la période des débuts 1985-1986 jusqu’au décès d’Eazy-E en 1995 qui fut victime du Sida. Autant vous prévenir, ce film hollywoodien possède tous les codes du divertissement américain classique: de l’amitié, de l’humour, de la violence, des histoires sentimentales et j’en passe. D’ailleurs dès la scène d’ouverture avec Eazy-E, le film place le décor de ce qui laisse présager un bon film. La grande réussite du long-métrage de F. Gary Gray, c’est l’atmosphère qu’il offre: Le spectateur est installé dans une ambiance du style de la fin des années 80. On arrive vraiment à profiter de la musique, et les moments de studio, de concerts et de pool party sont montrés comme des moments d’effervescence musical et d’exaltation. Forcément c’est plus profitable pour le spectateur: bonne musique, bonne vibe, attitude au max et bonnes meufs qui défilent devant les yeux.

Pourtant l’histoire de N.W.A n’est pas uniquement marquée que par des plaisirs hédonistes et une réussite éphémère. Plusieurs problèmes viennent contraindre le groupe: rivalité et confrontation entre les membres du groupe, pression des autorités et bien évidemment: l’argent. Ce qui n’empêche pas au groupe d’avoir sa propre originalité et ce depuis le début.

Au milieu des années 1980, Eric Wright (le futur Eazy-E) investi l’argent qu’il a gagné en vendant sa dope dans la musique avec la création d’un label nommé: Ruthless Records.  Le film illustre parfaitement la genèse du groupe avec l’irruption de Jerry Heller, un producteur qui fut successful dans les années 1970. Ce dernier devient manager du groupe et surtout un véritable ami d’Eazy-E malgré une rencontre assez fortuite. L’un des grands défauts du film est le suivant: Jerry Heller interprété par Paul Giamatti, est montré comme un manager pingre qui profite du succès pour empocher l’argent. L’accent est mit sur ces problèmes de label qui nuisent au groupe et qui entraînent la perte d’Ice Cube qui partira pour entamer une carrière perso. Le film illustre bien la montée de nouveaux acteurs dans le rap West Coast avec Suge Knight, sulfureux fondateur du label Deathrow; de nouveaux rappeurs avec des visages tels que Snoop Dogg et Tupac.

Le film montre bien les arcades du business avec ces histoires de contrats musicaux. Certaines scènes sont presque ridicules comme lorsque Eazy-E et Dr. Dre annoncent le nom de leur labels à l’écran. La scène où Ice Cube débarque dans sa maison de disque, Priority Records pour saccager le bureau de son patron est juste énorme même si le film exagère. A cette époque, Ice Cube est un jeune homme en guerre contre l’autorité et les Etats-Unis en générale, et en amont, il dirige sa carrière en diversifiant ses activités notamment en partant du côté du cinéma.

Et puis dès 1993, le biopic met toute la lumière sur les carrières de Dr. Dre et Ice Cube. Il faut préciser que Dre et Ice Cube sont les producteurs du film. C’est un problème dans le sens où il y a des parties prient en faveur des deux artistes. Le film censure carrément la période où Dr. Dre et Eazy-E réglaient leurs comptes à travers morceaux interposés (appelé beef). Le fondateur de Ruthless lancera ainsi un morceau mémorable, du G-funk virulent envers Dre, Real Muthafuckin G’s:
https://www.youtube.com/watch?v=fJuapp9SORA

F. Gary Gray ne montre pas assez la force politique de N.W.A. Même si le Hip Hop a toujours été manifesté par cette démarche politique, la musique du groupe était marqué par cette volonté de crier sa rage contre un système qui persécute la communauté afro-américaine à Compton (on peut aussi penser à Public Enemy). Straight Outta Compton est la bande son annonçant les émeutes de L.A en 1992 provoqué par le lynchage de la police sur un jeune homme noir, Rodney King. Malheureusement ces événements sont vite expédiés à l’écran, le réalisateur se contente de faire un bref travelling sur les membres du groupe dans les rues chaudes de la ville. On a plus l’impression de voir une sorte de rêve qu’une interprétation de la réalité.

Même si les biopics musicaux sont souvent casse-gueule (surtout sur le rap), on se dit qu’avec N.W.A- Straight Outta Compton, on aurait pu voir pire. Soulignons aussi l’interprétation plutôt correcte des acteurs à majorité inconnu. O’Shea Jackson joue carrément le rôle de son père, Ice Cube et arrive à donner une vraie crédibilité au personnage notamment grâce à la ressemblance père-fils troublante. Jason Mitchell qui interprète Eazy-E donne beaucoup de profondeur au personnage, arrive à donner des failles au rappeur.

Malgré ces défauts, N.W.A- Straight Outta Compton reste un bon film qu’on peut apprécier. Il donne toute la reconnaissance que mérite le groupe qui doit sûrement figurer au Panthéon du rap. Avec leur discours plein de hargne et leur attitude, N.W.A a inspiré toute une vague de rappeurs et de passionné de rap. D’ailleurs même si on pouvait se passer de toute la pub pour Dr.Dre et ces fameux casques audio à la fin du film, il a le mérite de montrer tout l’héritage qu’a laissé le groupe.

N.W.A- Straight Outta Compton, de F. Gary Gray (2014). Scénario d’Allan Wenkus, Andrea Berloff, Jonathan Hermann. Avec O’Shea Jackson Jr., Corew Hawkins, Jason Mitchell, Neil Brown Jr., Aldis Hodge et Paul Giamatti.

Premières pensées

Comment écrire sur cette saleté de rap français ?

Cette question est en quelque sorte la première pensée qui m’est venue à l’idée de tenir un blog sur le rap et la culture qui l’entoure (libre à vous de rajouter le suffixe sous).
Comment écrire sur cette musique spécifique ? Car comme toute musique, elle possède son propre langage, ses propres codes et références que je souhaite vous faire découvrir si vous êtes novices et que j’utiliserai.
Comment intéresser le lectorat alors qu’il existe déjà des centaine de sites spécialisé, de blogs, de magazines (même s’ils ont tendance à disparaître), d’émissions qui traitent déjà du sujet (et souvent très bien) ?
D’ailleurs est ce que ces feuillets numériques peuvent apporter quelque chose au sein du microcosme des médias spécialisés rap ? Bon je l’avoue, c’est une petite ambition personnelle et assez mégalo.

Comment aborder le rap en 2015 alors qu’il paraît qu’il était mieux avant ? Comment parler de cette musique variée, divertissante, risible, barré, qui heurte, qui fait réfléchir (le fameux slogan  » du bruit qui pense »), parfois innovante mais toujours surprenante ? En effet, est ce qu’on peut parler dans le même blog, de rappeurs aussi différents que Kaaris, Georgio, PNL ou Vald ? Aussi que de rappeurs installés depuis plus de 10 ans comme Booba, Lino, Rohff, Disiz, Mac Tyer et autres que j’ai oublié de citer ?

Comment parler de rap sans paraître chiant ? Car le rap (français surtout) peut paraître souvent décevant dans sa capacité à suivre souvent la tendance souvent venue des États-Unis ? Et est ce qu’on peut vraiment parler d’un rap français ? Bon faut pas trop que je foute la merde quand même.
Et puis après tout pourquoi s’emmerder à la rédaction et la tenue d’un blog sur cette musique qu’est le rap ?

Bon assez avec toutes ces questions dont je ne possède pas les réponses, il est temps d’inaugurer ce blog comme une nouvelle expérience.Auditeur de peura depuis près de dix ans malgré mes vingt et un printemps, je souhaite mettre mon grain de sel et ma vision sur cette musique grâce à ce moyen d’expression. Je privilégierai essentiellement le rap français même si je reste un gros amateur de ce qu’il se fait de l’autre côté de l’Atlantique. Avec ce blog, je souhaite déjà m’exercer à l’écriture. Je vois donc ce blog comme une sorte de laboratoire où je pourrai expérimenter, critiquer, donner des impressions, donner un regard personnel.
Et puis je cherche aussi que vous kifferez devant la lecture des mes chroniques.
Amitié et punchline.
MehdiWanKenobi