Myth Syzer a beaucoup d’amour à nous donner

Myth Syzer a beaucoup d’amour à nous donner

A moins que vous viviez dans une grotte, impossible vous soyez passer à côté du combat de fête foraine entre Booba et Kaaris qui a agité l’actu la semaine dernière. Maintenant que ces deux zigotos sont en détention provisoire jusqu’en septembre, en attente de leurs procès, on peut enfin passer aux choses sérieuses et revenir à la musique. Deuxième partie de ma série d’été: l’album de Myth Syzer, Bisous.

L’été dernier, le producteur Myth Syzer réunissait le rappeur Ichon, la chanteuse Bonnie Banane et le chanteur Muddy Monk sur son nouveau morceau, Le Code, un tube romantique et sensuel. Dans un visuel volontairement kitsch, le clip mettait en scène différentes scénettes où chaque interprète livrent ses sentiments face caméra. Mais la véritable sensation du morceau étant le refrain chanté par Myth Syzer qui donne à son tube, un air de sérénade moderne.

« Allo mon amour, je suis dans votre cour.
Donne moi le code du bâtiment mon amour »

Le 27 avril dernier paraissait le premier album du producteur, Bisous, moins d’un an après son single à l’eau de rose, point de départ de son projet.

Issu de la nouvelle scène des producteurs français

Avant de rentrer dans les détails du disque, intéressons-nous d’abord à son créateur. Myth Syzer n’est ni rappeur, ni chanteur, mais producteur/ beatmaker. Actif depuis le début des années 2010, il s’est fait connaître grâce à ses compositions pour Joke, Damso, Hamza ou encore Jazzy Bazz. Avec son groupe Bon Gamin, composé des rappeurs Ichon et Loveni, Myth Syzer a définitivement imposé son nom dans le rap game. Si le rap français des années 2010 est aussi excitant, c’est grâce à ces producteurs décomplexés comme Richie Beats, DJ Weedim ou Ikaz Boi (proche de Myth Syzer) qui multiplient les projets, travaillent avec plusieurs artistes et par la même occasion prennent une place plus importante sur le devant de la scène. Ainsi, ils donnent une nouvelle dimension au rôle du producteur dans le rap français parfois rigide.

Après plusieurs projets confidentiels et un E.P avec Ikaz Boi, Cerebral sorti dans le prestigieux label, Bromance, Myth Syzer s’attaque enfin au long format. Contrairement à tous ses autres projets, celui-ci est plus personnel car son auteur l’a crée après une rupture amoureuse. En effet, Myth Syzer a révélé en interview avoir eu « besoin extérioriser ses sentiments en chantant ». Parler d’amour en chantant, voilà une démarche qui est plutôt rare dans le rap français; peu à l’aise quand il s’agit d’évoquer les sentiments amoureux. Pour construire son disque, le producteur s’est nourri d’influences venant de la variété française. Il affirme vouloir que son album devienne le « Première Consultation des années 2010 », en référence au classique de Doc Gynéco.

Que du love

Alors quand est-il du dénommé Bisous? D’abord, le disque est remarquable par sa cohérence et sa construction. Il s’écoute comme une B.O d’un film où Myth Syzer opère comme chef-d’orchestre en conviant un casting quatre étoiles. On retrouve des figures de la nouvelle scène pop française (Bonnie Bonnie Banane, Muddy Monk, Aja du groupe La Femme,  Oklou, Clara Cappiani du groupe Agar-Agar et Lolo Zouaï); des rappeurs du moment (Hamza, Roméo Elvis, Jok’air), ses complices de Bon Gamin (Ichon et Loveni) ainsi que le Doc Gynéco sur le morceau La Piscine, histoire d’assumer la filiation avec Première Consultation.

Le projet fait la part belle à l’amour et aux sentiments avec sincérité. Chaque morceau est l’occasion d’évoquer toutes les émotions propres à l’amour comme la séduction, l’euphorie, le désir, la sensualité, la séparation, la nostalgie, l’attente. Myth Syzer crée une couleur musicale en accord aux sentiments exprimés dans les morceaux. Les productions sont très mélodieuses, renforcées par les synthés omniprésents. Les refrains entraînants et très efficaces sont au cœur du disque (Pot de Colle, Le Code ou Coco Love). Cet album est une machine à tube, des loves songs comme Sans toi, avec Hamza le crooner belge 2.0 rappelle le rnb des années 2000.

A la manière d’un top liner, Myth Syzer distille ses refrains et quelques phases parmi ses invités. On sent que l’artiste n’est pas complètement à l’aise dans l’exercice, mais cela montre sa grande authenticité. Mon morceau préféré de l’album, Full Metal est servi par un tempo plus lent qui laisse la place à la voix suave et sensuel d’Aja, ennivré par les vapeurs de l’amour.

Au passage, il faut évoquer le travail esthétique de l’album que ce soit sur la pochette ou dans les clips. Initié par le duo Julia & Vincent, les couleurs pastel et fluo des visuels s’inspirent des roman-photo et viennent rajouter leur pâte à la qualité indéniable à l’album.

Bisous de Myth Syzer épate par sa capacité à mélanger rap et pop voir variété française, un bonbon musical à écouter tout l’été.

Myth Syzer, Bisous (Animal 63/ Believe).
Crédit photo: Alice Moitié

Grems, l’iconoclaste

Grems, l’iconoclaste

Nous voilà au cœur de l’été. La chaleur nous donne l’envie de ne rien faire, à part peut être siroter un cocktail devant une piscine. C’est l’occasion pour moi de revenir sur ce premier semestre 2018 du rap français. Je vous propose alors une série estivale de plusieurs articles composés de portrait, de chroniques d’albums et billes d’humeur des protagonistes qui ont composé mon rap français. Première partie, Grems.

 

Parler de Grems, c’est évoquer toute une partie moins exposé de la scène rap français. Rappeur, producteur, graffeur et graphiste/ designer, c’est un artiste complet. Depuis le début des années 2000, Grems s’est toujours démarqué de la tendance dominante avec un rap inclassable. Tellement inclassable que les médias spécialisés l’avaient classé dans la scène rap dite « alternative » composée de groupes tels La Caution, les Svinkels, TTC ou encore Klub des Loosers.

Parler de Grems, c’est aussi évoquer un rappeur libre, avant-gardiste, en marge mais avec toujours un pied dans le rap français. Car Grems ne cherche pas à être la représentation d’un personnage. Dans sa musique, il se contente d’être lui-même, Michael Eveno. Parce que, comme il l’explique dans les rares interview qu’il donne, le rap lui a sauvé la vie.

Ma découverte de l’artiste

J’ai découvert Grems en 2011 avec la sortie de son cinquième album solo, Algèbre 2.0. En s’associant avec le producteur belge Noza, le rappeur donnait une suite à son premier opus Algèbre sortie en 2004. Le rap français vivait alors une période de véritable renouveau du rap avec des nouvelles figures comme le collectif parisien, L’Entourage (composé entre autres de Nekfeu, Deen Burdigo), Guizmo ou A2H. Cette nouvelle génération de MC s’inspirait fortement du rap des années 90 que se soit dans le style de rime, de flow et de beats boom-bap, style de production très new-yorkaise.

Grems saisit cette nouvelle effervescence qui secoue le rap français pour revenir avec un album solo aux accents boom-bap tout en gardant la créativité sonore propre à l’artiste. Il collabore même avec des représentants de la nouvelle scène comme Nemir dans Gens du Passage et surtout Nekfeu dans Les Vrais Savent (morceau hors-projet). Sur le titre éponyme Algèbre 2.0, Grems donne toute l’étendue de son rap en moins de 2 min: un flow élastique; une grammaire complexe; un vocabulaire mélangeant du verlan, de l’argot, des jeux de mots à tiroirs et une vulgarité audacieuse. Pas de doute, avec Grems, j’avais affaire à un artiste totalement libre et imprévisible.

 

 

 

 

 

Je me suis mis à suivre sa carrière de près. Que ce soient ses projets avec ses différents groupes comme Klub Sandwich ou PMPDJ, ses essais dans l’électro avec le projet Rouge à Lèvre et je me suis surtout intéressé à ses albums personnels. J’écoute alors son chef-d’œuvre, Airmax sortie en 2006, qui fait parti de mon panthéon des meilleurs albums du rap français.

Airmax, un chef d’œuvre incompris

Dans Airmax, Grems impose son art et son style de rap dont il est le fier représentant: le deep-kho. Selon l’artiste, ce son consiste à mélanger du rap et de la musique électro plus particulièrement de la deep-house. Le flow du rappeur au débit incroyable s’adapte parfaitement à ces beats rapides au 120 bpm loin des standards du rap mainstream, comme dans Punky Booster. Avec ces expérimentations musicales, Grems devient l’ovni du rap français, bien avant Jul. Il faut dire que le rappeur prend un malin plaisir à invectiver tout ce qui bouge et surtout le rap game qu’il considère comme de la Pisse de Flûte. Si Grems prend le contre-pied de toute une partie du rap français des années 2000, bloqué dans un stéréotype de street credibility, c’est grâce à son langage bien sûr si particulier, mais aussi grâce aux thèmes abordés dans sa musique. Dans Airmax, il dédie une lettre d’amour aux Gothics, il se moque de la jeunesse fashion dans Putes à Franges et des misogynes dans Pamizo en assumant le fait d’être une pute en mec. Sur cet album, Grems invite un casting très diversifié. Cela va de rappeurs de son cercle proche comme Le Jouage, Sept, Moudjad ou Jonn 9000 (qui produit aussi une grosse partie de l’album), à des rappeurs comme Sako de Chiens de Paille ou Disiz La Peste sur l’excellent Carte à Puce remix. Avec Disiz, ils collaborent ensemble dans le projet Klub Sandwich, ce qui prouve bien la tendance de Grems à multiplier les projets avec des acteurs du milieu. Enfin, avec cet album, je découvre la musique house grâce à ses références comme Moodymann, ponte de la scène de Chicago et cela m’a donné envie de m’intéresser à cette musique. Rien que pour toute ces facettes que regorge Airmax, je remercie Grems.

 

 

 

En 2013, l’artiste sort Vampire qu’il présente comme son dernier album. Sa musique y est toujours libre. Il utilise les nouvelles sonorités de l’époque comme la dubstep, la trap pour les mettre à sa sauce. Le concept de l’album est tourné vers le macabre avec des morceaux comme Zombi, Cimetière ou Vampire. La pochette créé par Grems s’inspire du portrait de Vlad III L’Empaleur, roi de Transylvanie qui fut utiliser pour la figure de Dracula. Si Grems présente son sixième album solo comme son dernier, c’est que celui-ci se sent lassé par l’industrie musical française et la France en général car pour lui, la musique est avant tout une passion qu’un métier. Il considère la France comme un pays rétrograde pour les artistes novateurs comme lui. Alors sur cet album, Grems se lâche encore plus et crache sur le rap game bien sûr, les majors, les sites spécialisés comme Booska-P, les réseaux sociaux, les flics les syndicats, la mentalité française et pour se démarquer encore plus, il définit sa musique comme Shlag music. D’ailleurs, son morceau Pinocchio, peut s’entendre comme un doigt d’honneur général. Grems s’en fout, il est déjà loin de la France grâce à son métier de graphiste/ graffeur qui lui permet de voyager à travers le monde. L’artiste est en roue libre, il crée son propre label (Grems Industry), décide de faire de la musique selon ses envies en sortant une série d’E.P court courant 2015-2016 tout en continuant ses activités de graffeur/ designer. Grems se consacre à partager sa musique avec ces potes. En 2015, avec son acolyte de toujours Le Jouage avec qui ils forment le groupe de ses débuts, Hustla, ils sortent l’album Ascenseur Émotionnel.

Sans Titre #7, le best-of ?

Alors que j’avais détourné mon attention sur l’actualité musicale de Grems, fin 2017, je tombe sur la page Facebook de l’artiste qui annonce un nouveau clip, Fantomas comme premier extrait de son nouvel album. Il s’intitule Sans titre #7 et sort le 19 janvier 2018 uniquement sur format digital ! Great news !

 

On va pas tomber dans le suspense, Sans titre #7 est un excellent et pur album de Grems. Je le vois comme un best-of parfait des vingt ans de carrière du bonhomme. Toute l’essence de la musique de Grems s’y retrouve sur 19 titres courts mais intenses. L’ambiance sonore y est très diversifiée. On passe bien sûr d’hommage à la house de Chicago sur Chichago ou Tokup, des morceaux trap très deep comme Mandala et d’autres plus groovy comme Balaras les Flow grâce au super refrain d’Hedi Yussef. L’artiste est totalement libre et cela se ressent sur sa musique. Qu’il se moque des rappeurs aux cheveux longs sur Babyliss ou adresse une lettre d’amour au sexe féminin dans L’origine, Grems garde cette envie de prouver qu’il est le meilleur MC. Ce que j’apprécie beaucoup chez l’artiste, c’est qu’il dévoile quelques imperfections dans ses morceaux. Comme si l’artiste était conscient que certaines tournures de phrase ou tentatives musicales pourraient mal passer. Sauf que Grems met tellement de cœur et d’énergie dans sa musique, qu’on est immergé dans l’univers de l’artiste et on en redemande.

Sans titre #7 se présente comme l’un des meilleurs albums du premier semestre 2018. Après une courte tournée triomphante en début d’année, Grems a promis de revenir à la rentrée. L’occasion de découvrir toute son énergie sur scène, sa folie et de profiter de sa musique en live. Et si vous êtes intéressé par son travail de graffeur, Grems a lancé un festival de street art, Colorama qui se tiendra à Biarritz du 2 au 22 août.

Dour mon amour

La saison estivale offre une multitude de choix pour un jeune étudiant lambda. Il peut se dorer la pilule sur une plage, organiser des barbecues, bosser dans un taff précaire pour financer ses études ou bien se défoncer les tympans (ou autre chose) dans un festival de musique. J’ai choisi la dernière option. Après avoir écumé quelques festivals parisiens (Rock en Seine, Solidays), cette année, mon attention s’est portée vers le festival de Dour (Belgique) qui se déroulait du mercredi 13 juillet au dimanche 17. Cinq jours complètement fous entre concerts incroyables, bières belges qui coulent à flot et aventures de camping. Tout cela dans un joyeux bordel où résonnaient le cri de ralliement du festoche: Doureuuuh !

Depuis sa création en 1989, ce festival belge se distingue par sa volonté de programmer des musiques alternatives (tout y passe même de l’électro touarègue). Cette année encore, il affiche un line-up impressionnant avec plus de 200 artistes. Bien évidemment, la scène hip-hop était représentée avec des rappeurs américains, anglais, français, hollandais et des belges qui jouaient à domicile. Après avoir vécu cinq jours intenses, j’ai envie de vous faire partager les moments forts du festival.

Day 1: Après un voyage en covoiturage sans soucis avec ma copine, nous arrivons sur le site à 14h pour installer nos tentes et créer un petit camp de base entre amis. Pour le premier jour, le festival programme moins de concerts afin de laisser du temps aux milliers de festivaliers de s’installer dans les différents campings. C’est aussi une habitude à Dour de commencer les festivités par un apéro. A la bière bien évidemment.

Nous débutons les festivités à 20h avec Baloji, rappeur belgo-congolais sur la scène Last Arena (la grande scène). Le rappeur vient présenter son nouvel E.P, 64Bits et Malachite, sorti en 2015, qui mêle sonorités rumba, beats électro et rap. Son show est assez plaisant pour un premier concert. Accompagné de très bons musiciens congolais sapés comme jamais, Baloji vit sa musique physiquement en se laissant aller dans une chorégraphie frénétique digne d’un James Brown. Il en profite pour discréditer l’appellation de world music qu’il juge méprisante. Il mouille le maillot grâce à son énergie folle. Y’a pas à dire, ça promet pour la suite du festival.

Pas de répit, nous enchaînons à 21h30 avec peut-être le concert le plus maboule du festival (oui oui dès le premier jour), Salut c’est cool, le groupe français totalement loufoque de techno-variété (tout un concept). Trop peu de mots pour décrire ce joyeux bordel mais voici une vidéo qui résume bien le délire > vidéo.

Day 2: Le programme s’annonce encore plus alléchant avec MHD, A$AP Ferg, Kevin Gates niveau rap et THE PRODIGY en électro.

Première nuit au camping et premier apéro prématuré, la tradition veut qu’ici on sirote sa bière dès le petit déjeuner. A force de traîner au camping, nous accusons un petit retard pour le concert de MHD sur la grande scène, qui a commencé depuis une bonne demi-heure. L’un des phénomènes rap de l’année avec son afro-trap vient déchaîner la foule à coup de dab. Il enchaîne les titres Roger Milla, Fais le Mouv, Molo Molo et le tant attendu Champions League, son morceau le plus connu, où le public crient ces fameux gimmick « Paw, Paw, Paw, Paw ». Certains festivaliers continueront même à brailler ces mots toutes la soirée.

A 18h30, les choses sérieuses commencent avec A$AP Ferg. Issu du collectif new-yorkais A$AP Mob, le pote d’A$AP Rocky vient présenter son nouvel album, sortie début juin. Avec sa carrure de footballeur américain et sa démarche hautaine, le rappeur prouve bien sa réputation d’américain. Car si A$AP Ferg possède plusieurs bangers dans sa discographie, sur scène il nous donne le strict minimum en enchaînant les morceaux sans conviction. Autant dire que j’étais un peu frustré d’entendre les versions écourtées des morceaux Work, Shabba, Let It Bang. Bon, je me suis quand même bien enjaillé, c’est le principal. En chantant deux fois son gros tube New Level, A$AP Ferg a fait bouger la foule et provoquer un bon fou rire avec ma copine qui pensait que le rappeur répétait «Bitch I’m a noodle». La signification de la chanson en a prit un coup.

Pas de temps de digérer le concert du Trap Lord, que nous filons direct à la scène Boombox,  pour retrouver Kevin Gates, le rappeur de Bâton-Rouge en Louisiane. Si ce rappeur fait encore peu de bruit en France, il connaît une popularité de plus en plus forte aux États-Unis, avec son dernier album Islah. Son show tranche avec le précédent car Kevin Gates a une démarche très sincère dans sa musique. Avec sa voix caverneuse, il se présente comme un gangster repenti, une bête blessée. Même si Gates n’est pas très mobile sur scène, il compense avec son charisme. La musique devient plus sombre, son personnage adopte une posture macabre. Le concert se transforme en une messe funèbre où les basses de plus en plus forte, résonnent profondément dans le sol pour réveiller les morts. On dirait presque de la spéléologie. Autant avec son DJ qu’avec son public, il balance des punchlines bien vénères: «I’m a good person but I hate when a man fucks with me». Le mec ne blague pas sur son orientation sexuelle. Bref, Kevin Gates a montré qu’il était un rappeur sous-estimé.

Wiz Khalifa était annoncé comme l’une des figures rap importantes du festival mais personnellement j’en ai rien à foutre de ce gros drogué aux cheveux violets ! Passons directement à THE PRODIGY qui après plus de vingt ans d’existence  sont toujours là pour défoncer des parpaings à base de son électro et d’énergie punk. Les papys font de la résistance ! > photo

Day 3: La fatigue commence déjà à pointer le bout de son nez mais pas de répit pour une nouvelle grosse journée.
Pour moi, la journée commence à 19h (super tôt) avec Mobb Deep sur la Last Arena. Cela faisait longtemps que j’avais envie de voir sur scène le groupe new-yorkais. J’ai longtemps considéré Prodigy, l’un des membres du groupe, comme mon rappeur américain préféré. Les Infamous débarquent sur scène tout de noir vêtus, sombre comme la musique qu’ils réalisent depuis plus de vingt ans. La démarche est toujours thug, le duo longe la scène tout en s’évitant. Ces dernières années, les deux rappeurs ne se côtoyaient plus. Un nouvel album en 2014 et une tournée, ont fini par les réconcilier. Il faut attendre la vingtième minute pour les voir enfin côte à côte. L’arrivée de Big Noyd en invité surprise redonne un peu de folie au concert. Le groupe rappe une grande partie de leur répertoire notamment des morceaux de leur  mythique premier album qui a fait leur renommée, The Infamous jusqu’à un final d’exception avec la chanson Shook Ones. Sans être étincelant, Mobb Deep a assuré un spectacle de qualité.

A 20h, nous nous précipitons à la Boombox où Jazzy Bazz se produit. Originaire de Paris XIXe, il présente son très bon premier album, P-Town (chronique à venir inchallah) sortie cette année. Accompagné d’un live band et de son acolyte, Esso Luxueux, le rappeur parisien donne la sensation de se faire plaisir sur scène. Tout en enchaînant les morceaux de son album, il rend également hommage au rap français avec des reprises des grands rappeurs (Fabe, Lunatic, Oxmo Puccino). Un bon concert de rap qui donne envie de revoir Jazzy Bazz sur scène.

Pas le temps de niaiser, je fais un petit passage sur la scène de la Jupiler Dance Hall afin de découvrir Peaches, chanteuse canadienne, qui à 47 ans est toujours d’attaque pour foutre un coup pied au cul à la pop music avec son attitude queer et ses beats qui tabassent. Bon j’ai loupé la prestation de Denzel Curry, jeune rappeur floridien qui vient d’être cité dans les Freshman 2016, une liste de rappeurs américains à suivre par le prestigieux magazine XXL. Avec le show extravagant de Peaches, ça valait largement le coup de louper le jeune rookie. Et c’est encore l’expérience qui gagne à la fin > vidéo.

A 22h30, je déguerpis à la Cannibal Stage, pour voir Hamza, le plus américain des rappeurs belges, qui vient de sortir la mixtape Zombie Life. Il symbolise un nouveau souffle que connaît la scène rap en Belgique qui profite ainsi au rap francophone. Malgré son jeune âge (21 ans), le rappeur sait tout faire: il produit, rappe, chante avec auto-tune et enchaîne les tubes avec frénésie. Fortement influencé par le rap d’Atlanta comme Young Thug et Future, Hamza étire ou réduit les mots insufflant à ses chansons. Pour son concert, le public est au rendez vous. Hamza fait monter la pression et il faut peu de temps pour voir une foule complètement débridé. J’aperçois même un mec qui se met même à escalader une colonne du chapiteau à plus de 5 mètres sous les acclamations du public. Comme dirait Kaaris: «Les singes viennent de sortir du zoo». En tout cas, Hamza maîtrise vraiment bien l’auto-tune sur scène, sa voix se transforme presque en chant vaudou qui ensorcelle le public. Il enchaîne ainsi tous ces tubes potentiels et surtout le tant attendu La Sauce. Le rappeur finit par nous achever avec le morceau Slowdown.

La soirée se finit sur la grande scène avec un bon set de Birdy Nam Nam, abandonné par leur camarade DJ Pone. Nous pouvons ainsi rentrer au camping exténué mais rassasié d’une journée bien remplie.

Day 4: Ce festival belge devait me permettre de découvrir la nouvelle scène rap belge en pleine effervescence. J’aurai bien voulu voir les prestations de Roméo Elvis et Woodie Smalls, disciple belge de Tyler The Creator. Mais les programmateurs ont eu la bonne idée de mettre les rappeurs super tôt. Les concerts à 13h-14h quand tu t’es couché à 4h du mat, c’était plutôt tandax. Finalement, j’ai privilégié un petit déjeuner au bon goût du houblon avec des bières tièdes. Au quatrième jour, on fait ce qu’on peut !

Les concerts commencent donc à 17h30 avec Odezenne, groupe français avec un rap de gueule de bois. Sans l’appui des médias traditionnels et rap, ils ont réussi à se créer une vraie fan base grâce à internet. Leurs chansons aux paroles crues décrivent une jeunesse désabusée qui se reconnaît dans ce discours défaitiste. Malgré des paroles bien badJ’suis juste une petite merde issue d’un gland»), les gens sont chaud et j’assiste à un festival de poupées gonflables qui dominent la foule. Même l’ingé-son s’est entouré d’une poupée en latex tout en continuant son taff. Le clou du spectacle se scelle sur leur chanson d’amour 2.0, Je veux te baiser. Eh ouais, au XXIe siècle, les chansons d’amours « fleurs bleues », c’est plus ce que c’étaient.

A 23h, l’un des rendez vous de la journée se nomme Skepta. Le rappeur anglais monopolise l’attention depuis deux ans. Il vient remettre le rap anglais à l’honneur, la grime, ce type de rap au bpm très rapide. La sortie de son album cette année Konnichiwa a aussi été confirmé.  Autant dire que la scène Boombox était pleine à craquer. L’attente est intenable, le mec se fait passer pour un rappeur américain. Finalement sous les cris des gens, Skepta débarque comme un gladiateur dans l’arène. La sono crache des rythmes grime influence caribéenne qui font danser la foule. On se croirait dans un soundsystem jamaïcain. Il termine sur son tube Shutdown Avec seulement 40 minutes de présence sur scène, le rappeur anglais a plié le game !

Day 5: C’est le dernier jour ! Nous sommes toujours debout malgré la fatigue et la saleté. La journée s’annonce toujours aussi chargée. La scène Boombox sera notre QG pour la journée. Et pour profiter des derniers instants belges, quoi de plus beau que de commencer les concerts à 15h !

Fidèles à nos habitudes, c’est avec une bonne vingtaine de minutes de retard que nous nous rendons à la scène de la Boombox pour voir Seth Gueko. Le rappeur le plus loubard du rap jeu vient notamment défendre son dernier album que j’avais chroniqué dans un article l’année dernière. Seth est un habitué de la scène, il blague avec son public, il balance des punchlines. Avec un set solide comme la carrure du gaillard, mais sans folie, Seth Gueko a prouvé son expérience avec plus de 10 ans de carrière. Barlou !

J’ai loupé malheureusement les prestations de TSR Crew, de Vald et d’Oxmo (que j’ai déjà vu). Bon ça sera pour une prochaine fois. Pour finir ces magnifiques cinq jours, notre dernière soirée s’achève sur un superbe set du DJ américain, Sango qui mélange sonorités brésiliennes et des bons beats chiandés.

Merci Dour mon Amour et j’espère à l’année prochaine.

La renaissance de Doc Gyneco

La renaissance de Doc Gyneco

Après plus de trente ans d’existence, le rap français s’est construit des héros, des gagnants, des légendes mais aussi des oubliés, des «perdants magnifiques» comme dirait Sameer Ahmad.

Ces dix dernières années, Doc Gynéco a fait parti de cette dernière catégorie, à cause de trop de présence sur les plateaux télé, de showbiz, de politique avec son soutien à Nicolas Sarkozy pendant la campagne de 2007 qu’il considérait comme son maître à penser (sic). Toutes ces facéties nous avaient fait oublier que Doc Gynéco est avant tout un grand rappeur. Il faut pourtant retourner à ses débuts, dans les années 90. Après toutes ces errances, le rappeur de porte de la Chapelle décide de revenir à ces premiers amours avec la réédition de son premier album devenu classique, Première Consultation, sorti le 15 avril 1996. Séquence nostalgie.

Étant beaucoup trop jeune pour avoir pu vivre ces années, j’ai découvert le premier album du Doc vers 2012-2013. Je me souviens aussi d’avoir grandi avec les compiles cassettes de la famille, où Fille du Moove tournait en boucle. Quant tu es gosse, les paroles ne sont pas bien comprises mais tu adhères tout de suite au groove du son, à la douceur de la voix. Doc Gynéco avait ce charisme qui le destinait à un large public.

Revenons à la genèse du projet. Tandis qu’en 1995, le Ministère Amer, le groupe sarcellois de Stomy Bugzy, Passi et Guetch connaît des déconvenues avec les autorités (les syndicats de police surtout) à cause son rap controversé et brut de décoffrage; Bruno Beausir alias Doc Gynéco signe un contrat avec Virgin et part pour Los Angeles pour enregistrer son premier album. A la recherche du son californien, le Doc rencontre Ken Kessie qui produit entièrement Première Consultation. Avec ce musicien américain qui a travaillé avec Sylvester, En Vogue ou sur la B.O d’Apocalypse Now, le Doc retrouve une ambiance live qu’il souhaite pour son album, des sonorités qu’il juge plus chaudes, plus vivantes et plus californiennes. La démarche est révolutionnaire pour la France car il est le premier rappeur français à collaborer directement avec des musiciens américains. Contrairement à la tendance du rap français plutôt new-yorkaise, le Doc préfère chanter sur des ambiances west coast. Ainsi sur Première Consultation, le rappeur a fait appel à une multitude de musiciens, de chanteuses américaines pour les chœurs qui participent grâce au carnet d’adresse de Ken Kessie.

Dans l’interview qu’il a donné pour l’émission Deeper Than Rap, Doc Gyneco révèle qu’il a trouvé à Los Angeles cette influence g-funk, en parlant d’une «composition en harmonie». Pour les morceaux, il chantait les mélodies a capella afin que les musiciens les reproduisent avec leurs instruments. C’est ce qui permet à l’album d’être aussi agréable à écouter, les quinze morceaux s’enchaînent simplement comme des tubes potentiels et bénéficient d’une rare richesse musicale.

L’album s’ouvre dans cette ambiance suave, avec son single sensuel, Viens Voir le Docteur. Le rappeur impose déjà son mode opératoire avec des phrases langoureuses et aguicheuses. Le Doc construit son personnage mêlant désir sexuel au charisme du rappeur. Ensuite, l’album enchaîne avec un combo parfait: Dans Ma Rue, Nirvana, Passement de Jambes, Vanessa, Né Ici… Chaque morceau est un must, il y a une diversité  des thèmes traités: que se soit avec Nirvana, une ballade mélancolique et suicidaire ou bien avec Né Ici, où il compare la douceur de vivre des îles antillaises et la misère du XVIIIe. Son écriture singulière nous plonge directement dans son univers, grâce à de fortes images métaphoriques.

Doc Gynéco affirmait sa différence par son indifférence au mouvement hip hop qu’il jugeait sectaire. Dans Classez moi dans la variet’, il s’adresse au monde du rap et sollicite son attachement à la chanson française. Le Doc a toujours revendiqué l’importance du texte, l’attention accordée aux mots, à la diction. C’est ce qui le distingue en tant que rappeur qui se préoccupe peu de la technique, qui préfère prolonger les voyelles et adopte un rap-chant peu conventionnel pour l’époque. D’ailleurs dans la suite de sa carrière, il garde cette originalité en collaborant avec différents chanteurs français comme Catherine Ringer, Renaud, Laurent Voulzy, Chiara Mastroianni et même Bernard Tapie dans un morceau d’anthologie, C’est beau la Vie (comme il l’affirme on peut être visionnaire et se planter).

On retrouve aussi Passi sur le duo Est-ce que ça le fait pour certifier la filiation avec le Ministère Amer dans un morceau plus punchy. Sur No se vende la calle, il fait intervenir un rappeur latino inconnu du coin, El Maestro pour un morceau sentant bon le mélange qui caractérise la Cité des Anges. L’un des chefs d’œuvres est, selon moi, Dans ma Rue, un morceau phare qui décrit son quartier de porte de la Chapelle. Tout en montrant les «vices de sa rue» du XVIIIe avec les trafics, la prostitution, les toxicos, il compose un tableau complexe et fantasmé de son quartier mélangeant les diverses influences. Avec ces sirènes typiques californiennes au refrain, Doc Gynéco impose sa nonchalance pour un morceau phare sur l’authentique XVIIIe arrondissement.

Que se soit en traitant de la rue, des femmes, du foot, de la célébrité, de la paternité; Doc Gynéco garde un ton authentique mais surtout non revendicatif. C’est ce qui marque sa spécificité à l’époque où le rap était plus porté sur des messages. Doc Gynéco préfère rapper des storytelling, ses histoires sans morales et ses envies. Capable d’une déclaration d’amour à Vanessa Paradis ou sur le football dans ce qui reste comme le meilleur morceau des années 90 sur le sport-roi, Doc Gynéco reste imprévisible dans sa musique, il garde cette liberté de ton ce qui le rend profondément attachant.

Vingt ans après la sortie, il n’est pas forcément évident de trouver des héritiers de cet album dans le rap game. C’est plutôt son ancien collègue du Secteur Ä, Lino  qui a marqué les années 2000 avec son rap qui claque, à coup de punchlines et de phrases chocs. Doc Gynéco a ouvert un rap plus débridé avec une posture désinvolte. Mais les années 2010 révèlent un retour vers ce rap ouvert au chant et à d’autres univers (PNL, Hamza).

Quand il évoque ces quinze dernières années, le Doc évoque la nécessité d’être «passer par là (la célébrité), de faire toutes ces erreurs» pour pouvoir s’accomplir pleinement. Il y a un peu le sentiment de gâchis au vu de son talent, d’avoir perdu trop d’années avant de retourner véritablement à la musique. Un perdant magnifique vous dis-je.

Doc Gynéco, Première Consultation Réédition, Parlophone/ Warner Music France, 1996/2016.

4 Décembre : le Choc des Titans du rap français

Le rap français a créé l’événement le 4 décembre dernier avec la parution de quatre albums de poids lourds de l’industrie. Booba, Rohff, Jul et Nekfeu s’affrontait dans les bacs.

i le rap français avait à choisir entre un film d’art et d’essai et un gros blockbuster, il y a de fortes chances que la seconde option soit privilégiée. Pour autant, il choisirait un film pas trop bourrin style Heat avec un gros duel Pacino/De Niro.

Ce 4 décembre, l’affiche dans les bacs réunissaient quatre acteurs bankables du rap français. Booba et Rohff occupent les devant de la scène du rap français depuis plus de vingt ans et sont au cœur d’un clash pathétique depuis près de dix ans. Ils ont sorti leurs 8e albums. Deux rappeurs issus de la jeune génération et super populaires à savoir le phénomène Jul et Nekfeu, sortaient aussi leur projet (mbon il y avait aussi l’album de Joeystarr et Nathy, Caribbean Dandy). Ces sorties respectives avaient l’allure d’une compétition commerciale en attendant les résultats de la «première semaine». C’est devenu presque une attraction pour le milieu du rap français, qui cherche à critiquer les chiffres. Dans cette période de vache maigre pour l’industrie du disque (ce qui n’empêche pas Universal de bien grailler), cette compétition de bac à sable déchaîne aussi bien les passions sur les réseaux sociaux chez les auditeurs que chez les acteurs du milieu.

Premièrement, l’une des sensations de ce vendredi 9 décembre, c’est la sortie du 8e album de Booba, Nero Nemesis. Ce titre énigmatique en grec ancien a plusieurs significations. Il désigne autant la déesse grecque de la justice distributrice et de la vengeance que le nom donné à la couleur noire matte chez Lamborghini. Cette imagerie antique est aussi associée avec une pochette plutôt réussie. Je pourrai passer des heures à disserter sur Booba tant c’est une figure autant controversée qu’admirée. On ne peut constater que depuis plus de vingt ans, il est la place forte du rap français, c’est indéniable.
Alors déjà rappelons que l’album avait fuité le 30 novembre sur le web mais étant un auditeur respectueux d’Hadopi, j’ai préféré attendre le jour annoncé pour écouter l’album (bon en vérité, j’ai pas réussi à choper un bon lien). Sachez que depuis son album Lunatic en 2010, j’avais vraiment du mal à écouter un album entier de Kopp, alors que nous a t-il concocté ?
Comparé à son précédent opus, publié plus tôt en mars, D.U.C, qui était à quelques chansons près, pas terrible, Nero Nemesis a une ambiance plus sombre, presque sans single, B2o a plus envie de rapper que de lâcher des morceaux chantés (à part sa chansons zouk, Validé). On sent vraiment un Booba surmotivé, multipliant les flows, capable de nous impressionner avec des phases métaphoriques puis de saluer sa maman toute en poésie. Il relate son passé tout en construisant sa légende avec des phases comme dans Talion: «J’étais dans le crime en CDI, ratpi et souvent écroué; j’roulais ma weed dans le GTI, Sergio Tachini troué».

4G, c’est un morceau où Booba maîtrise son art dans un rap bête et méchant. Avec cet album, Booba retrouve plus de spontanéité que sur ses dernières créations. Les quelques invités sur Nero Nemesis représentent la nouvelle génération proche du DUC et ne manquera pas de faire parler d’eux. Que ce soit Siboy, rappeur cagoulé ou Damso, rappeur bruxellois qui rappe sur Pinocchio un couplet d’anthologie.
Sur 92i Veyron, Booba construit toujours sa légende en disant «les vainqueurs l’écrivent, les vaincus racontent l’histoire». De là à se considérer comme le vainqueur du rap français, il n’y a qu’un pas. Bre-som.
Booba, Nero Nemesis, Tallac Records, 2015

Face à son ennemi juré (le rap c’est pas le monde des bisounours), Rohff sortait aussi son 8ème album. Le rappeur du 94 a marqué mon adolescence et ma découverte du rap avec ses doubles albums, ses morceaux classiques comme Qui est l’ExempleLe Son Qui Tue, 94, La Puissance, En Mode, La HassRegretté, K-Sos For life ou Testament. Autant d’exemples qui montrent que Rohff dominait le rap français dans les années 2000. Depuis son dernier classique Le Code de l’Horreur sorti en 2008 j’avais un peu lâché sa musique. Néanmoins en tant que bouzillé du rap, j’avais suivi son actu. En 2013, il avait sorti un double CD et avait surtout parler de lui pour ces affaires judiciaires. Cette année sonne comme le retour de Ro2f  à la musique. Même s’il n’a rien à prouver sur ces qualités  avec cet album, j’ai l’impression de redécouvrir le rappeur avec ce projet. On retrouve tout ce qui le définit à savoir:  sa fierté, son esprit de compétiteur et son côté mec de cité authentique.

Ce morceau définit bien l’état d’esprit de Rohff qui s’est toujours considéré comme un soldat du micro. Prêt pour la guerre, il multiplie les piques adressées à Booba. Cet esprit déterminé, on le retrouve avec son morceau avec Lacrim, La crème de la crème dans cette connexion 9.4. Avec ces sirènes assourdissantes, l’atmosphère devient plus lourde, Rohff et Lacrim font dans la démonstration de force. Dans cet album le rappeur dégaine une série de morceaux de ce type avec Trop gang, Vitry sur Haine ou bien Le coût du siècle avec une variété de flow assez folle.
Niveau musique, Rohff va à l’encontre de la tendance  trap music qui domine le rap français et il n’hésite pas à le critiquer. Il revient à des influences plus californiennes comme dans son ancien album La Fierté des Nôtres. Les productions sont inspirées par DJ Mustard qui a remis au goût du jour le son d’Oakland.
Le problème de cette album, c’est qu’il est incohérent. Au delà de la prestation solide de Rohff, le rappeur applique des vieilles recettes comme le single Bijou avec Awa Imadi, qu’on croirait tout droit sorti des 2000’s. Cet album est certes trop long, incohérent musicalement mais plutôt agréable. É-waa.
Rohff, Le Rohff Game, Millenium/ Barclay, 2015

Nekfeu, c’est l’un des rappeurs parisiens du moment, adoré par les médias et symbole d’une nouvelle génération. Il publie la réédition de son premier album FEU. Depuis son éclosion en 2011 avec les battles Rap Contendeur et son groupe 1995, Nekfeu a parcouru du chemin. Avec ces différents groupes: 1995, L’Entourage S-Crew, il a enchaîné les projets qui ont connu un certain succès. Cette année, son premier album, FEU, on fini d’installer Nekfeu comme le chouchou d’une partie du public et surtout des médias généraliste.
Il faut dire que son projet est de qualité. Nekfeu sait très bien rapper, il varie son style, se livre plus sur des morceaux comme Mon Âme, Risibles Amours. Sur sa superbe intro  Martin Eden, il prouve qu’il est l’un des rappeurs les plus techniques du moment. Sur cette album, on a l’impression que Nekfeu a absorbé beaucoup d’influence comme une éponge afin de créer sa propre synthèse. Le problème c’est qu’avec toute ses références, le rappeur souffre d’un manque de charisme tout au long du disque.
Concrètement je soupçonne cette réédition d’être un coup marketing avec des titres plutôt moyens excepté Princesse avec le super Nemir en refrain. C’est aussi l’occasion d’entendre son groupe 1995, réuni sur deux titres.

J’aurais pu choisir le morceau 7:77 qui bénéficie d’un superbe clip mais Le bruit de ma ville est très symbolique de l’univers au rappeur et son attachement à Paris. Il permet de mettre en avant le groupe, Phénomène Bizness signé sur son label Seine Zoo. C’est l’une des seules réjouissances de la réédition.
Nekfeu, FEU, Seine Zoo/ Polydor, 2015.

Depuis son explosion sur internet en 2013, JUL a littéralement explosé les internet et conquis une partie du public. Comme Nekfeu, le mec est très populaire mais renier par les médias généralistes. Surtout JUL est un rappeur extrêmement productif, en deux ans il vient de publier son 5e album, My World. Il tourne à  deux projets par jour avec une formule simple mais diablement efficace: l’utilisation de l’auto-tune pour pousser la mélodie sur des beats qu’il confectionne tous seul qui ressemblerait presque à de la zumba. Sa musique séduit un public jeune, et tournent dans les boîtes provinciales et dans toutes les chichas de France. Il nique tout dans les bacs avec son label, Liga One Industry, remportant facilement les certifications platine (100000 ventes) et or (50000 ventes) à chaque sortie. Pourtant, l’histoire d’amour avec son désormais ancien label quand il a révélé cet été être en conflit avec eux. Désormais il  a créé son propre label intitulé simplement D’Or et de Platine.
Personnellement ma découverte du rappeur a été déconcertante. Lorsque j’ai écouté Dans ma Paranoïa la première fois, j’ai du arrêter l’écoute à 1min26 du morceau avec les oreilles qui saignaient. Autant dire que pour la chronique de son anouveau album, j’ai du prendre sur moi. Même si le mec arrive à nous ambiancer, je reste hermétique à sa musique.

C’est la deuxième fois après Normal que le duo marseillais, Alonzo et Jul se retrouvent. Pour l’occasion, ils ont trouvé leur meilleure mélodie et leur meilleurs survet’ de foot pour ambiancer toute la cité phocéenne. La musique est aussi l’occasion pour Jul de chasser ses démons depuis la perte de son manager cette année, il parle d’ailleurs régulièrement de l’insomnie qui le ronge. Jul semble prêt à poursuivre son succès pour pas mal d’années. Bon à l’écoute de l’album, on a vraiment l’impression d’avoir le même morceau en boucle Comme D’hab. Cela donne l’impression que la super productivité de JUL lui permet de terminer un album en 2 jours sans s’arrêter. Efficacité.
Jul, My World, D’Or et de Platine Records/ Musicast, 2015

Résultat des courses: C’est bien Jul qui a remporté la compét’ des chiffres. Il a écoulé la première semaine 66394 albums vendus et plus 20000 ventes pour cette deuxième semaine. Booba a suivi avec 35138 exemplaires vendus. Rohff complète le podium avec 20582 albums. Nekfeu n’est pas en reste avec 14247 exemplaires de sa réédition vendus.
Avec ce score incroyable, Jul détrône les vendeurs historiques sont Booba et Rohff en première semaine. Il prouve ainsi qu’il est l’un des plus gros vendeurs rap, faut-il l’interpréter comme le nouveau  roi du rap game ? Je finirais sur ça, rien que pour agacer les puristes !

Revue du rap français automnale

Après les attentats du vendredi 13 novembre qui ont secoués Paris et toute la France, la semaine dernière fut assez spéciale. L’une des conséquences est le report de cet article. Surtout, ces jours qui ont suivis, m’ont permis de prendre encore plus conscience de l’importance de sa famille, ses amis, les gens que l’ont connait de près comme de loin. A partir du chaos, on doit pouvoir réapprendre à dialoguer, à construire ensemble, à vivre.

Voilà simplement quelques mots que j’ai voulu placer en introduction de ma chronique.

Dans cet article, j’ai sélectionné quatre albums sortis entre la fin d’octobre et début novembre que

L’album de Sam’s, Dieu est Grand est parue le 23 octobre 2015. C’est dans les albums de Youssoupha que j’ai découvert ce  rappeur-acteur, originaire de Bordeaux. Tout comme ce dernier, il fait parti du même label, Bomayé Musik. Il a fait plusieurs apparitions sur ces morceaux mais son premier album se faisait attendre.

D’ailleurs, le titre de son album avait été annoncé en 2012, sur l’album de Youss’, Noir Désir, sur le morceau Gestelude:  «On aime se saper chic mais chez nous D&G ça veut dire Dieu est Grand». Ce premier LP est avant tout personnel et introspectif. En effet, comme à l’image de sa pochette (qu’il dévoilé qu’un mois avant la sortie de l’album), Sam’s en profite pour raconter son parcours de vie. Il commence par son enfance dans l’intro, Je suis petit; puis de son échec dans une carrière de footballeur avec F.F.F (Fuck le Foot Frère) ; et des relations sociales avec Les gens deviennent. On passe un bon moment lors de son écoute malgré la longueur de l’album, un problème trop fréquent dans le rap français.

Microbes évoque la jeunesse française qui veut grandir trop vite quitte à se brûler les ailes (le thème n’a pas vraiment changé depuis Petit Frère de IAM, symbole d’une société française figée). Au passage, la production de Cehashi a une forte ressemblance, à celle de Worst Behaviour de Drake.

Sam’s qualifie sa musique comme « rap de vie », Dieu est grand est un album sincère, qui dévoile le puzzle de la vie du rappeur comme le représente l’image de sa pochette. Authentik.
Sam’s, Dieu est Grand, Bomayé Musik, 2015.

 

Le premier album d’Espiiem, Noblesse Oblige. Est un jeune rappeur parisien qui développe depuis quelques années un rap exigeant. Après un mini-album en 2013, Haute Voltige très réussi, Espieem signe son premier album toujours en indépendant qui est sortie le 7 novembre.

Alors qu’en est-il du skeud ? Et bien soulignons d’abord cette superbe production qui donne à l’album une vraie cohérence musicale. Le rappeur a su s’entourer d’une équipe de producteur/beatmakers mené par Astronote, musicien de l’ombre du rap français trop méconnu (le mec a produit un son pour Kendrick Lamar !) L’album alterne entre une musique chiadée, suave mais aussi inquiétante comme sur 777. Espieem a cette qualité d’être un rappeur technique, au flow rapide et la voix caverneuse. Sur cette album, il n’hésite pas à chanter, grosse tendance dans le rap français actuel.

Le morceau éponyme, Noblesse Oblige démontre toute la diversité de son art et la qualité de son flow. Il peut se vanter aussi d’être l’un des meilleurs paroliers de sa génération avec des textes inspirés de sagesse, de spiritualité et de philosophie lui qu’il a étudié à l’Université Panthéon-Sorbonne.

Bon je n’ai pas été forcément convaincu des collaborations excepté Deen Burbigo dans Suprématie. Surtout celui avec K.E.N.T sur Money, qui délivre un refrain fou où les deux artistes critiquent l’avidité et le désir d’argent par tous les moyens. Beaucoup de maturité dégage de cette album, Espiiem se démarque vraiment avec son charisme. Noble.
Espiiem, Noblesse Oblige, Orfèvre Label, 2015.

 

Zdededex: c’est le retour tatoué de Seth Gueko avec Professeur Punchline. Depuis une dizaine d’année, Seth Gueko est ce rappeur qui mélange diverses influences linguistiques comme l’argot, le manouche, le langage de rue, des néologismes et surtout connu pour ses punchlines hardcore. Il se distingue avec des phrases percutantes, des rimes lacérées, souvent imagées, des jeux de mots et des références cinématographiques. Pour comprendre un peu le personnage que représente Seth Gueko, il faut mater la pochette de son album. Ce portrait de Seth arborant tatouages et chevalières est juste impressionnante. Son univers se développe aussi dans ces clips comme dans Val d’Oseille s’inspirer par du nouveau Mad Max que de la série, Walking Death.

Le crédo de ce quatrième album solo, c’est donc un festival de punchline où Seth nous en met plein la gueule ! Prenez un morceau comme Delicatessen où il débute avec ces vers fleuris: «Tu t’prends en photo avec des poucaves #Selfilsdepute; Quand tu m’parles, retires ta main d’ma nuque petits fils d’eunuques».

Le rappeur n’oublie pas de partager en conviant plusieurs rappeurs du moment. Ainsi, n retrouve aussi bien des mecs de la nouvelle génération (Gradur, Niska, Joke, Sadek, Nisa) que des valeurs sûrs comme Lacrim ou Alkpote. D’ailleurs je trouve pas les featurings très réussis, on a l’impression que Seth s’adapte à ses invités alors qu’il devrait les détruire sur la prod. Seth Gueko sait aussi se faire introspectif lorsqu’il révèle il révèle sa spiritualité dans les Démons de Jésus. Bon passons aussi sur le morceau spot de pub sur son bar qu’il a ouvert en Thaïlande, nouvelle terre d’accueil du rappeur, c’est un véritable foutage de gueule.

Et surtout, j’ai adoré Titi Parisien, hommage à la ville lumière et son côté underground qui se démarque de l’ambiance musicale générale du l’abum.

Pas de révolution pour ce nouvel album mais avec la profusion de punchlines, il nous régale et on se marre bien. Seth Gueko affirme qu’il voit le rap comme une continuité du punk, une musique marginale et c’est terrible.
Seth Gueko, Professeur Punchline, Believe Recording/ Neochrome, 2015.

 

Et pour finir cette article (trop long), l’album d’Abd Al Malik, Scarifications. Pas besoin de faire les présentations de cette artiste qui depuis Gilbratar, s’est imposé dans la musique française avec son spoken word (c’est plus classe que slam quand même). Pour son cinquième album, Abd Al Malik est en collaboration avec Laurent Garnier, musicien électro et qui occupe le rôle de directeur artistique du projet. Cette album dégage une véritable alchimie avec cette ambiance techno, organique, futuriste même. J’ai vraiment été épaté par ce projet autant par sa qualité musicale que par le «flow de taré» de l’artiste. On retrouve le besoin d’ego trip au sens de l’affirmation («lyricalement j’suis un strémon» ou le morceau Roi de France); de parler de l’amour de sa femme et  sa muse, Wallen, les références littéraires et  au rap. Même pas besoin de parler des thèmes abordés par l’artiste, il y a une esthétique folle qui émane de ce projet, j’ai eu l’impression de vivre un voyage musicale.
Et puis il y a cet hommage à Daniel Darc, artiste disparu en 2013 avec un texte superbe, où l’espoir est broyé dans la noirceur tel un poème de Baudelaire: «Les frères disent en langage des signes: « donne-moi un héros ou la rue s’ra mon héroïne »».

Vraiment j’ai surkiffé cette album, Abd Al Malik et Laurent Garnier (et Bilal, producteur attitré du rappeur), ont préparé le voyage vers une nouvelle galaxie. Turfu.
Abd Al Malik, Scarifications, PIAS Le label, 2015

PNL: Récap’ d’une première au Yoyo

Jamais dans l’histoire du rap français, un groupe n’avait provoqué autant d’attente que de mystère. Pourtant, ces derniers temps, on a assisté à l’éclosion de nouveaux rappeurs notamment avec des vidéos postés sur internet (les Gradur, Niska,…). Sauf qu’avec PNL (acronyme de Peace & Lovés), on assiste à un véritable phénomène.

PNL au calme, à la playa
PNL rêvant de Miami.

Ce groupe issu de la cité des Tarterêts, a sortie en mars un premier projet, QLF (mixtape ou street album, je sais pas trop) pour Que La Famille, véritable slogan que porte les deux rappeurs, Ademo et N.O.S. L’album est sorti en indépendant en février et j’avoue que je suis passé à totalement à côté à l’époque avec les nombreuses nouveautés musicales. C’est surtout à travers leurs clips que j’ai plutôt découvert leur musique. Et particulièrement, Le Monde Ou Rien:

La première fois que j’ai entendu et vu cette vidéo: OVNI !

Tout simplement, je n’avais jamais entendu ça dans le rap français. En étudiant plus le truc, je découvre un clip soigné et tourné dans la cité napolitaine, la Scampia. Une musique aérienne semblable au cloud rap, des paroles qui évoquent un quotidien coincé entre grisaille, deal, l’évocation d’un futur meilleur et quelques phases cailleras. J’ai été complètement happé par leur ambiance musical, que j’avais l’impression d’être pris dans un sort d’un sorcier béninois !

La spécificité d’Ademo et N.O.S, c’est leur utilisation de l’auto-tune. Ce logiciel de correction vocale qui depuis une dizaine d’année, est très utilisé dans le R’N’B et le Rap (à la base, il est apparu dans le Raï mais c’est une autre histoire). Cependant le rap français a toujours eu du mal à exploiter ce logiciel  qui le voit comme un artifice (Booba et sa voix de robot est une illustration parfaite). Alors que le groupe innove le rap en utilisant l’auto-tune comme un véritable instrument vocale.

Ils se servent du refrain comme l’identité de leur morceau. Le rap français a souvent mis l’accent sur les couplets, des 16 mesures bien construit et voyait le refrain comme un moyen pour synthétiser le propos. Au contraire, chez ces frangins, il y a une recherche de la mélodie, souvent à travers un gimmick, une phrase aussi simple qu’efficace que les «Ouais, ouais, ouais» du Monde ou Rien ou les références populaires comme le personnage de Simba, comme le titre du même nom:

Avec tout cet engouement, leur deuxième album Monde Chico, sortie le 30 octobre avait l’allure d’un véritable événement. L’album s’est classé direct numéro 1 des ventes dès son entrée dans les backs.

Voilà pour placer le décor avant de vous illustrer la grande expérience que j’ai pu vivre.

Le 31 Octobre se déroulait au Yoyo, club collé au Palais de Tokyo, le premier concert (plutôt un showcase) de PNL. Rien que le fait d’organiser leur concert dans cet endroit hype, c’est une première pour le rap français. Arrivé vers minuit devant l’entrée dans la boîte, je découvre une file immense au rendez vous pour l’événement. Après une grosse attente de plus d’une heure, on entre enfin dans la boîte, le public se masse à l’intérieur. Au platine, Richie Beats, excellent producteur pour Joke, Booba, Set&Match, qui dans un set solide, balance les gros hits rap du moment (Kaaris, Booba, Niska, Future, Fetty Wap, …). Le public est mélangé entre des gens de cité et des hipsters. Les gens semblent apprécier et s’ambiancent tranquillement. Beaucoup de mecs, peu de meufs. Les looks sont soignées entre le style avec les cheveux longs, le trio italien (Armani, Gucci, DG), certains abordent des visages mi-moustache, mi-barbe.

J’aperçoit même quelques famous: des rappeurs comme Zoxea des Sages Poètes de la Rue, Flynt, Deen Burbigo ou Doum’s de l’Entourage. Des journalistes rap sont aussi de la partie. J’aperçois un des premiers fanatiques du groupe et journaliste pour Noisey ou Le Mouv’, Genono, ainsi que des mecs de l’Abcdrduson.com, l’une des meilleurs références en France sur le rap. J’apprend aussi la présence de mecs qui pèsent comme Olivier Cachin  (oui oui) ou  Pierre Siankowski des Inrocks.

Puis vers les 2 heures, les gens commencent à s’impatienter et s’énerver. Ils ne veulent que du PNL et puis c’est tout. Et Nodey, le DJ qui suit, en paye les frais. Chaque tentative du DJ s’accompagne de sifflés, de jets de gobelets. Scène surréaliste où Nodey est « contraint » de passer des sons du groupe avant leur arrivée. Le public est affamé et il veut voir les gladiateurs entrés dans l’arène.

A 3 heure du mat’, c’est l’arrivée glorieuse du groupe avec la chanson, Je vis, je visser qui conquit tout le monde. Les morceaux s’enchaînent, PNL, PTQS (Plus Tony que Sosa), Simba, J’suis PNL. Les lascars utilisent l’auto-tune avec maîtrise, reproduisent la même gestuelle que dans leur clip. Derrière l’enchaînement des chansons, l’écran diffuse des essais d’images dans une esthétique mi-kitsch mi-pop évoquant l’univers du groupe. Arrive alors Dans ta rue: «Y’a rien à té-gra en bas; on t’oublie pas on t’remplace».

Surprise, Ademo lâche un peu l’auto-tune pour son morceau solo, Mowgli, «J’suis pas un rappeur, sans vocoder je suis claqué», histoire de faire mentir le refrain. Le show se finalise sur Le Monde ou Rien avec que la famille sur scène dans un joyeux bordel. 35 minutes sans rappel, un show bien trop court pour une première.

Il est 4 heure passé et le Yoyo se vide. Discussion avec un spectateur en sortant du club: « Ils ont mis leurs sons avant leur passage pour provoquer le désir, c’est tout nouveau, c’est incroyable.» Pas tort surtout vu l’engouement qui accompagne le groupe.

Le Monde Chico, QLF Records, 2015.

P.S: Et pour ceux qu’ils s’en foutent des mots, veulent juste des images, voici la récap’ vidéo: https://www.youtube.com/watch?v=WM9LCliu9Yo